Un soir de semaine après une journée particulièrement difficile. Des parents donnent leur bain à leurs chérubins de deux et quatre ans.
Une petite dispute éclate entre les enfants car le plus jeune veut jouer avec le canard en plastique de l'aîné et essaye de le lui arracher avec conviction. Papa parvient à détourner l'attention de l'enfant sur un autre jouet "Ô un bébé canard!". Le bain finit joyeusement.
Puis vient le moment de mettre son pyjama. Le plus petit refuse catégoriquement de s'habiller. Maman lui demande une première fois, puis une deuxième, une troisième, rien n'y fait. Le stress monte.
On lui promet de lui lire son histoire préférée dès qu'il a fini de s'habiller. Non plus. "Bon ça suffit maintenant. Je compte jusqu'à trois. 1, 2..."
Un peu effrayant le Hulk! Si cette histoire vous parle vous êtes certainement au bon endroit. Je vous propose de découvrir 5 moyens de se faire obéir par son enfant en favorisant une coopération sereine et se donner ainsi les moyens de créer un foyer paisible. Bismillah
La violence en tant que méthode éducative n’inspire pas le respect, elle crée de l’angoisse. Elle n’apprend pas aux enfants à faire la différence entre le bien et le mal, elle leur apprend qu’on a le droit d’en faire usage si on a le pouvoir. La violence n’apprend pas non plus aux enfants à respecter les limites des parents, elle leur apprend à avoir peur des conséquences.
Jesper Juul
Thérapeute familial
1er moyen de se faire obéir par son enfant (sans devenir Hulk) : Lui donner un choix limité
Comme vous avez dû sans doute le remarquer, votre adorable bambin commence à vouloir s'affirmer entre deux et quatre ans environ.
C'est l'âge du fameux "Non" et du "Je sais".
Jusque là tout va bien, et c'est très important de respecter son besoin d'affirmation...
...sauf que parfois il vous tient à coeur qu'il fasse une action parce que vous avez vous-même une contrainte (liée au temps ou à la santé par exemple).
Donnez-lui le choix entre deux choses afin de répondre à ce besoin d'affirmation et donner à l'enfant une part, même si elle est minime, dans la prise de décision.
"Tu préfères le pyjama jaune ou bleu?", "Tu préfères que je te mette ton pyjama ou papa?", "Tu préfères que je te mette ton pyjama ou tu le mets tout seul?"
Ce moyen simple est assez efficace car l'enfant se prête généralement au jeu...
...à condition de l'utiliser avec modération, dans le respect des besoins de l'enfant et d'être transparent.e sur ce qui vous motive à lui demander cette action...
...autrement l'enfant peut ressentir de la colère, de l'incompréhension, de l'injustice, du rejet (de sa capacité à décider seul, de son besoin d'autonomie) voire une trahison de votre part devant ce "faux choix".
Sa confiance en vous risque d'en prendre un coup...
...Or on sait que la confiance est la base de toute relation saine.
N'oublions pas que l'enfant veut rester tout nu dans notre exemple...ne veut ni mettre son pyjama jaune...ni rouge...ni vert ^^.
C'est donc important de lui expliquer que vous comprenez son désir. De lui dire, par exemple, que vous aussi quand vous étiez petit vous adoriez jouer tout nu!
Faites preuve d'empathie en vous efforçant de vous mettre à sa place : "Je comprends que tu préfères continuer à construire ton légo." "J'ai l'impression que tu préfères rester tout nu!" (Restez sérieux ^^).
Faites-lui savoir que vous êtes à l'écoute de ses émotions, ses sentiments et que vous en tenez compte.
Accompagnez-le un instant dans ses jeux ou juste dans ce qui nourrit sa joie, dans l'instant présent...profitez-en pour lui faire des chatouilles par exemple!
Réjoignez-le, un moment, là où il est...
Ensuite seulement, il lui sera beaucoup plus facile de vous écouter lui dire que dans un autre contexte vous auriez continué à jouer avec lui avec plaisir... seulement là maintenant il se fait tard... et s'il dort tard, après il risque d'être fatigué... et quand il est fatigué ça le rend grognon ce qui peut l'amener à se bagarrer avec son grand frère, etc...
"Tu as remarqué, toi aussi, que tu te réveilles quand même beaucoup plus en forme quand tu te couches à cette heure-ci? Que dis-tu de continuer notre jeu demain? "
Lorsque l'enfant choisit
de
coopérer de bonne grâce, le "choix limité" lui apparaît finalement comme une consolation qui l'aide surtout à réduire sa
frustration
(il ne sait pas encore la gérer à cette âge).
2e moyen : Lui faciliter l'obéissance
Prenez de l'avance et donnez à votre enfant une vraie marge de temps. Par exemple: "Tu peux jouer encore dix minutes. Après, on mange!" Pour revenir à notre exemple du début, faites-lui choisir ses vêtements bien avant l'heure du bain le soir et la veille pour le matin.
Libérez-vous de la contrainte du temps afin de ne pas vous sentir sous pression et lui accorder ainsi le temps qui lui permettra de se préparer à réaliser l'action. Ça lui permettra également de la faire à son rythme, sans stress inutile.
Adaptez vos ordres. N'oublions pas que le cerveau de l'enfant est encore immature, surtout en-dessous de six ans. Adaptons les ordres à son âge, ses capacités de compréhension et physiques.
Évitons par exemple de lui donner des ordres quand il est fatigué ou grognon (souvent ça va de paire!).
Utilisons un langage précis, facile à comprendre pour lui. Évitons de lui demander de faire plus d'une action à la fois afin de ne pas le rendre confus.
N'hésitez pas à accompagner l'enfant, l'aider à accomplir l'action en lui montrant comment faire avec des gestes, sans faire à sa place.
Attirez l'attention de l'enfant vers ce qui est permis plutôt que ce qui ne l'est pas. Le cerveau humain ne connaît pas la négation, le cerveau d'un enfant encore moins! Par exemple, si je vous dis: "Surtout n'imaginez pas votre boss avec un nez de clown sur le nez", j'imagine que vous n'êtes surtout pas en train de le faire n'est-ce pas? 🙂
Pour l'enfant c'est pareil: si vous lui dites "Ne monte pas sur cette chaise" vous avez beaucoup plus de chance qu'il y monte que si vous lui disiez "Reste ici" ou "descend de cette chaise".
Transformez l'ordre en jeu. Exemple: "Le premier qui a mis son pyjama a gagné!"
3e moyen de se faire obéir par son enfant (sans devenir Hulk) : Adopter le bon ton de voix
Nous n'avons pas besoin de crier pour se faire obéir par son enfant. Crier ne fera que le stresser et le rendre confus, ce qui ne vous aidera pas à le faire obéir. Même en conditions extrêmes, comme un danger imminent, il est plus efficace de parler sur un ton posé ou d'intervenir calmement que crier.
Mais crier n'est pas seulement inutile. Chaque fois que nous crions sur l'enfant ou lui parlons mal, notre relation avec lui s'effrite un peu et tend à se baser sur la peur plutôt que la confiance et le respect.
De plus, comme l'explique le docteur Catherine Gueguen, l'environnement social et familial de l'enfant transforme littéralement son cerveau.
Les interactions négatives l'affectent durablement et sont la cause directe de certains troubles du comportement et retards de développement.
Adoptez un ton posé et ferme, respectueux et assuré.
Le ton de votre voix est décisif pour faire coopérer l'enfant. S'il détecte une hésitation, une inquiétude ou un manque de confiance en vous, vous pourrez attendre longtemps qu'il obtempère.
En effet, si vous n'avez pas l'air convaincu vous-même du bien-fondé de ce que vous lui demandez, comment voudriez-vous qu'il le soit?
Restez cohérent. Si vous pouffez de rire de ses bêtises puis devenez sévère en mode Super Nanny une minute après, l'enfant risque de ne rien y comprendre! Et surtout vous perdez de votre crédibilité.
4e moyen de se faire obéir par son enfant (sans devenir Hulk) : Prendre soin de soi au quotidien
Pour rester zen et ferme quand il faut avec votre enfant, vous avez besoin d'une bonne dose d'énergie et de sérénité.
Adoptez une hygiène de vie optimale: mangez sain et léger, dormez suffisamment en vous couchant et en vous levant à des heures convenables. Faites de l'exercice physique tous les jours, même 10 minutes de marche pour commencer.
Entretenez un état d'esprit positif en cultivant le contentement, la gratitude, l'enthousiasme et en souriant le plus souvent possible. Vous pouvez écrire dans un carnet spécial, chaque soir ou matin, au moins 3 choses pour lesquelles vous éprouvez de la gratitude et méditer a leur sujet. Par exemple : être en vie et voir grandir votre adorable enfant 🙂
Débarrassez-vous de toute pensée toxique: rancune, ressentiment, colère, envie. Je pense qu'il n'y a rien de mieux que l'écriture pour sortir les poubelles mentales en écrivant tout ce qui nous frustre et nous met en colère, quitte à brûler ce qu'on a écrit après!
Relaxez-vous quotidiennement, même 5 minutes. Massages, méditation de pleine conscience, yoga sont des techniques très efficaces pour nous aider à déstresser, à nous reconnecter à nous-mêmes, à nous recentrer et prendre du recul sur les évènements!
Voici une posture de yoga très simple et qui vous aidera à vous détendre et retrouver le sentiment de maîtriser la situation en trois minutes :
Allongez-vous par terre sur le dos, jambes fléchies, pieds posés à plat sur le sol et écartés de la largeur de la hanche. Gardez les bras le long du corps et les paumes des mains vers le ciel. Fermez les yeux et respirez profondément. Laissez votre esprit et votre corps se reposer.
5e moyen de se faire obéir par son enfant (sans devenir Hulk) : Se remettre en question
Rappelez-vous que n'êtes pas infaillible et qu'il nous est tous arrivé de désobéir à nos éducateurs et ce à un âge peut-être plus mature que l'enfant. Cela peut nous aider à lâcher prise et ne pas chercher à le faire obéir à tout prix.
Demandez-vous par exemple: "Ai-je moi-même été obéissant et coopératif avec mes parents dans des situations similaires?", "Ai-je eu des manquements récemment envers mon enfant ou une autre personne?"
Posez-vous cette question: "Pourquoi je souhaite faire obéir mon enfant, là maintenant?". "Est-ce pour lui ou pour mon propre confort?", "Est-ce pour son bien ou pour obéir à mon égo"? "Quel est mon besoin non comblé?" "Quelle solution pourrions-nous trouver qui convienne à tous?"
Revoyez certaines règles. Est-il vraiment nécessaire de donner le bain à votre enfant tous les soirs ou à une heure précise? S'il refuse de manger c'est peut être simplement qu'il n'a pas encore faim? Vous forcez-vous à manger alors que vous n'avez pas envie?
S'il refuse de s'habiller peut être qu'il a trop chaud? Ou qu'il refuse d'aller à un endroit particulier - car il est négatif pour lui - ou de dormir parce qu'il n'a pas du tout sommeil (mettre son pyjama est synonyme de "devoir" dormir)?
Acceptez vos limites. Je pense que c'est la voie la plus sage. N'hésitez pas à passer le relai à un proche si vous vous sentez à cran. Lorsque vous êtes seul, vous pouvez sortir de la pièce ou juste vous éloigner un moment le temps de prendre une pause et retrouver votre calme en inspirant et en expirant profondément.
Asseyez-vous, voire allongez-vous quelques minutes. La bouteille de retour au calme, par exemple, est un bon moyen pour retrouver son sang froid (cet outil "magique" marche aussi bien pour l'enfant que l'adulte ^^).
Pour le croyant, toute difficulté est une opportunité de se tourner vers Dieu, revenir à Lui, lui demander son Assistance en se plaignant à Lui de notre faiblesse et de nos limites. Une belle prière à répéter dans les moments difficiles : "Ô Seigneur! Il n'y a de chose facile que ce que Tu rends facile et si Tu le Veux, Tu Peux rendre la chose difficile, facile".
Gardez une bonne opinion de l'enfant quoiqu'il arrive. Il ne désobéit pas pour vous embêter (même s'il peut fortement donner cette impression parfois!).
C'est plutôt un être à part entière, qui a besoin de comprendre le bien fondé d'une règle pour y adhérer et y obéir. Or l'intérêt de beaucoup de règles d'adulte lui échappe.
De plus c'est un être en construction, qui ne sait pas encore gérer ses émotions. C'est à nous de l'aider à les comprendre et les canaliser plutôt que les brimer.
Et c'est de la responsabilité du parent de maintenir des interactions de qualité avec l'enfant et les autres membres de la famille. L'enfant ne peut assumer cette responsabilité. Il ne peut que vous prendre comme exemple.
Plus vous saurez gérer vos propres émotions (notamment la colère et l'anxiété), ferez preuve d'empathie, de compassion, d'équité, plus l'enfant saura comment faire.
Acceptons de nous adapter à l'enfant plutôt que le faire s'adapter à nous.
N'est-il pas plus efficace, à long terme, d'être à son écoute et de coopérer ensemble plutôt que de lui mettre une pression génératrice de stress et de troubles?
N’hésitez pas à partagez vos pensées et expériences en commentaire! Quels autres moyens utilisez-vous aujourd'hui pour faciliter la coopération de votre enfant?
Superbe article rempli de bienveillance, j’en avais bien besoin ! Merci !!!
Merci beaucoup Oum Ayman pour ton commentaire! Je suis ravie que tu aies apprécié 🙂