Je voulais utiliser le mot "obstacle" mais après réflexion je pense que le mot "mur" convient mieux.
Ou "voile". Bismillah
Un voile qui vous empêche de voir votre enfant tel qu’il est donc de le comprendre...
...et ainsi développer la belle relation que vous rêvez de construire avec lui.
Un voile qui vous empêche de vous aligner à vos valeurs éducatives, comme :
- la patience
- la bienveillance
- la compassion
- la douceur
- mettre des limites à votre enfant sans crier / le punir
- aider votre enfant à se développer
- aider votre enfant à s’épanouir…
Non, ce mur qui s’est érigé entre votre enfant et vous n’est pas causé par le fait que vous êtes « une mauvaise mère », « une maman pas à la hauteur » ou que votre enfant est « méchant » et « difficile ».
Ce mur, c’est le même qui m’a empêchée de monter deux courtes vidéos...
...alors que la création de tutoriels est plutôt alignée à mes valeurs de créativité, de joie et de partage...
Quel est donc ce mur?
Dans mon cas, certaines pensées « négatives » m’avaient poussée à procrastiner pendant plusieurs mois sur le montage de ces vidéos...
(je vous donne un indice en majuscule ^^)
"Non mais qui regarde TES vidéos? Ça sert à rien, ça TE stresse...Et puis regarde-MOI ce montage D’AMATEUR! De toute façon TU DOIS faire des trucs SÉRIEUX d'adulte, c'est pas pour TOI les diy. Fais autre chose. »
Je pense que vous avez deviné! Dans cette "études de cas" ce mur entre ce projet créatif et moi...c’est MOI.
...enfin, en réalité, mon petit moi...mon égo.
Cet égo entièrement centré sur LUI-MÊME, qui juge les autres et se juge lui-même...
...qui a peur du regard des autres, peur de se montrer vulnérable, peur de perdre le contrôle (même s’il ne l’a jamais eu en réalité), peur de donner, peur de recevoir, peur de perdre, peur surtout de disparaître…
...C’est ce même mur qui vous empêche de voir votre enfant comme il est vraiment et d’avoir une relation fluide avec lui.
« Mais enfin Samah! C’est quoi le rapport entre une relation parent-enfant un peu tendue et la procrastination? »
C’est vrai, pas évident à première vue...
Pour l'illustrer, prenons l'exemple d'Ameni, une maman un peu (beaucoup) stressée...
Entrons en profondeur dans le quotidien d'Ameni, ses pensées et ses interactions avec ses enfants...
Je vous mets en majuscule (et entre parenthèses) les manifestations de son égo.
Aujourd'hui c'est dimanche, Ameni va chercher son fils à son cours d'Aïkido.
Alors qu’ils roulent en direction de la maison, le petit garçon de six ans annonce à sa mère : « Maman, je ne veux plus faire d’Aïkido! »
« Mais enfin mon chéri je pensais que tu aimais ça? » (Tu es difficile. MOI JE ne change pas d’avis toutes les deux minutes)
« Non, je me suis inscrit pour te faire plaisir mais en fait je déteste ça et je me force pour y aller. »
« Pourtant c’est une super activité! J’aurais adoré faire ça à ton âge, essaie encore un peu je suis sûre que tu vas finir par aimer! Et comme ça quand tu seras grand tu n’auras pas de regret! »
« Mais puisque je te dis que je n’aime pas ça! Je préfère rester à la maison le dimanche et jouer à des jeux de société, comme K. et ses parents! »
« Ça y est...JE suis une mauvaise mère! Il est difficile MON fils! Il pourrait faire un petit effort pour ME faire plaisir avec tout ce que JE fais pour lui…C’est MON rêve qu’il obtienne cette ceinture noire! »
Arrivés à la maison, Ameni constate, agacée, que la maison n’est pas rangée comme elle aurait voulu. « Ça vous dirait de ranger vos sacs et vos chaussettes?? Ça fait DIX FOIS que JE vous le dis! »
Ameni soupire. « Personne ne M'aide JAMAIS ici, JE ne suis pas soutenue. »
Pendant qu’elle étend le linge, Ameni a une idée « Et si je proposais aux filles de venir à côté de MOI pour joindre l’utile à l’agréable? »
Elle entre dans leur chambre en oubliant de frapper. Ses filles s’écrient « Maman! C’est un secret! »
Ameni referme la porte, furieuse « Quelle ingrates!! JE trouve le moyen de ME rendre disponible pour MES filles et mesdemoiselles sont occupées, comme TOUJOURS… »
Ameni s’affale finalement sur le sofa avec son smartphone et un paquet de gâteaux, mi en colère mi déprimée...
« Il faut que J'arrête de manger toutes ces sucreries et d'aller sur les réseaux sociaux...JE ne peux vraiment pas M'en empêcher. J'ai HONTE d'avoir SI PEU de volonté. »
Cette histoire fait écho chez vous?
Comment notre égo en est-il venu à prendre autant de place dans nos vies?
Comment est-il parvenu à nous empêcher d’être nous-mêmes?…
…De nous voir et de voir nos enfants tels qu’ils sont vraiment? Des êtres à part entière, indépendants, avec leur propre personnalité, leurs propres goûts?
...Et à la place…de les voir comme des petites extensions de nous-mêmes, des minis-MOI….
…Comment est-il parvenu à nous empêcher de développer des relations authentiques avec nos proches et qui reflètent nos vraies valeurs?
...et s'il voulait juste vous protéger?
“Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.”
Khalil Gibran
Peut-être le début de cet article vous a-t-il un peu piqué.e?
J’aimerais vous féliciter de continuer à me lire au passage...car cela montre que votre envie d’apprendre et de progresser est plus forte que votre amour-propre (qui attention est très différent de l’amour de soi ♥).
Peut-être que vous vous êtes dit « Attends…n’est-ce pas naturel pour un parent d’avoir des attentes vis-à-vis de son enfant? »
Naturel je ne sais pas. Habituel, commun, oui. Humain, certainement…
Avant sa naissance vous avez dû imaginer comment serait votre enfant…un garçon, une fille…des yeux, cheveux comme ceci cela…tels caractère, comportement, qualités…
…Et bien sûr la réalité s’est présentée à vous dans toute sa splendeur quand votre enfant est né et surtout quand il a commencé à grandir, à s’affirmer et à rechercher de plus en plus d’indépendance, ce qui est tout à fait naturel.
Seulement vous êtes restée (plus ou moins consciemment) bloqué.e sur cette « image idéalisée » que vous vous étiez faite à un moment de lui et qui ne correspond pas à l’être réel qu’il est ni à ses besoins (réels eux aussi).
Prendre conscience de cela est déjà un pas énorme. Ça permet de vérifier régulièrement si on est train d’agir pour le véritable bien (et bien-être!) de l’enfant ou pour « réaliser » l’image qu’on s’est faite de lui...faire de lui un « petit MOI ».
L’égo ne nous facilite pas la tâche de prise de conscience puisqu’il se nourrit de nos peurs et de nos croyances…
…nous fait pousser l’enfant à « coller » à cette image au lieu de nous adapter à lui, à ce qu’il est réellement…au lieu de l’aider à se développer et s’épanouir…
« L'égoïste n'est pas celui qui vit comme il lui plaît, c'est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plaît ; l'altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie, sans intervenir. »
Oscar Wilde
Et si notre égo cherchait en fait à nous protéger…
…et ce même s’il nous faisait adopter des comportements inadaptés…
… s’il utilisait des stratégies qui nous desservaient (et desservaient l’enfant qu’on était sensé servir) plus qu’autre chose…
De quoi cherche à nous protéger notre égo?
De revivre les blessures de notre enfance.
Louise Bourbeau, dans son livre « les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même » décrit cinq stratégies de l’égo qui nous empêchent d’être nous-mêmes et d’avoir des relations authentiques.
Je ne partage pas certaines des idées et croyances personnelles de l’auteure (comme sa croyance en la réincarnation ou au "Dieu intérieur"), mais je trouve géniale la description détaillée des blessures de l’âme et de nos réactions à elles qui vont jusqu’à se manifester dans notre corps et notre santé physique...
Pour résumer, une blessure affective est vécue dans notre enfance avec un de nos parents.
L’enfant a besoin d’être accepté, aimé comme il est. Or très vite après sa naissance il s’aperçoit que lorsqu’il ose être lui-même cela dérange les adultes de son entourage. Il en déduit que ce n’est pas correct d’être naturel.
Il en ressent une grande douleur suivie d’une grande colère. Cela explique les crises de colère de l’enfant car un enfant qui agit naturellement et a le droit d’être lui-même ne fait pas ce genre de crises.
Finalement, pour diminuer la douleur, il se résigne. Il se crée une nouvelle personnalité (des masques) pour devenir ce que les autres veulent qu’il soit.
Ces masques servent à le protéger contre la souffrance vécue lorsqu’il a été lui-même et qu’on ne lui pas donné le droit d’agir ainsi. Ils sont au nombre de cinq et correspondent aux cinq grandes blessures de base vécues par l’être humain.
Avec le temps nous grandissons, devenons des adultes mais les blessures sont toujours là, comme des plaies béantes sur notre main et qui n’ont pas (encore) été soignées.
Nous avons préféré les cacher avec un gant pour ne pas les voir. C’est la « solution » adoptée par notre égo pour nous éviter de souffrir.
Seulement nos blessures ont besoin d’être soignées, non cachées.
Et c’est pourquoi elle continuent à nous faire mal chaque fois qu’une personne, même bien intentionnée (notre enfant par exemple), « touche » notre main..
Nous réagissons « Aïe tu me fais mal!! ». En fait cette personne ne sait pas qu’une blessure se cache sous notre gant, elle n’est pas responsable de notre souffrance.
C’est plutôt nous qui avons négligé de soigner nos blessures...
...mais notre égo aime croire que quelqu’un est à blâmer pour notre souffrance, que ce quelqu’un soit nous-même ou un autre.
En réalité nous avons surtout besoin de regarder la partie qui souffre en nous avec compassion…
Au fait...quelles sont ces blessures et comment les masques qui leur sont associés se manifestent-ils?
Je vous invite à le découvrir ICI à travers le décryptage (plus poussé) d'Ameni et de ses réactions.