Enfant, j’avais une occupation assez étrange lorsque je me trouvais chez mes grands-parents…
Je passais des heures dans leur jardin, fascinée par les papillons, leurs motifs et leurs couleurs.
Je les observais mais n’aimais pas qu’ils s’envolent au bout de quelques secondes.
Alors, telle un chat guettant sa proie, je m’en approchais tout doucement et les attrapais vite par leurs ailes…
…Je les « abritais » ensuite méticuleusement sous une passoire géante…
J’étais très fière de mon mini zoo de papillons! Je sais...pas très #causeprotectiondesanimaux friendly…
Un jour ma mère a découvert ma collection de papillons vivants, les yeux écarquillés.
« Tu sais, quand tu attrapes les papillons ça abîme leurs ailes. Ensuite ils ne pourront plus voler comme avant. Ils deviendront malades. »
Ce n’était pas la réaction que j’attendais devant mon « exploit ».
Les larmes aux yeux en pensant à la souffrance que j’avais infligée à ces petites bêtes, je soulevais la passoire et les regardais s’envoler, espérant que leurs ailes ne tomberaient pas sur le chemin de leur liberté retrouvée…
Si j’avais su le point commun que j’avais avec ces belles créatures mon empathie envers elles en aurait été plus grande…
Ce point commun, c’est une caractéristique très particulière qu’a découvert un savant hollandais nommé De Vries chez les insectes…
…et que quelques années plus tard la pédagogue Maria Montessori allait observer chez les enfants préscolaires de sa casa dei bambini.
Cette caractéristique, ce sont les périodes sensibles.
Ce scientifique a démontré que la chenille, par exemple, se métamorphosait en répondant à des sensibilités qui pouvaient à première vue sembler contre-intuitives.
La maman papillon dépose ses oeufs dans un endroit sûr et abrité de la branche d’arbre, là où poussent de grandes feuilles.
Seulement les bébés chenilles ne peuvent pas se nourrir de ces grandes feuilles mais seulement des petites feuilles qui se trouvent en haut et à l’extrémité de la branche…donc à l’opposé de l’endroit où ils se trouvent.
Ces bébés chenilles n’ont aucun moyen de savoir que les petites feuilles dont ils ont besoin pour se nourrir se trouvent en haut et à l’extrémité de la branche…
…Pourtant tous vont se tortiller et avancer vers ces petites feuilles dont ils vont se nourrir avec voracité.
Par quel miracle ont-ils « su » où se trouvait leur nourriture?
Il faut savoir que la petite chenille est dotée d’une grande sensibilité à la lumière. Celle-ci l’attire et la fascine.
En sautillant elle va vers une lumière de plus en plus vive…jusqu’à l’extrémité de la branche. Là, affamée, elle dévore joyeusement les petites feuilles qui se présentent à elles…
On constate que quand la chenille a grandi et qu’elle se nourrit différemment elle perd sa sensibilité à la lumière. C’est comme si elle y était devenue indifférente. Elle cherche sa subsistance par d’autres voies.
Maria Montessori a montré que l’enfant, durant son développement psychique, faisait des acquisitions étonnantes, de vrais miracles. Mais l’habitude de voir ces miracles nous y rend insensibles.
Comment l’enfant, venu du néant, s’oriente-t-il dans notre monde complexe?
Par quel miracle parvient-il par exemple à apprendre une langue sans instituteur, avec joie et sans se fatiguer?
Alors qu’un adulte aurait eu besoin pour apprendre cette même langue de nombreux efforts et sans jamais parvenir à la perfection de sa langue maternelle acquise lorsqu’il était enfant?
L’enfant fait ses acquisitions psychiques durant les périodes sensibles.
Elles sont comme une lumière qui éclaire la nature intérieure et permet à l’enfant d’interagir avec le monde qui l’entoure d’une façon particulièrement intense.
Quand l’enfant traverse une période sensible, tout devient facile, enthousiasmant, vivant.
Quand une lumière s’éteint, une autre s’allume et ainsi de suite durant toute la croissance de l’enfant.
Mais si durant une période sensible un obstacle au travail de croissance survient, l’enfant vit un bouleversement, une déformation…
(un peu à l’image d’une main qui attrape les ailes d’un papillon prêt à s’envoler…)
Les réactions alors désespérées de l’enfant, parfois violentes et non comprises par l’adulte, sont alors qualifiées par celui-ci de « caprices »…
…comme il qualifie tout ce qui n’a pas une cause apparente chez l’enfant…
En fait les caprices de la période sensible sont l’expression extérieure de besoins insatisfaits. Ce sont des avertissements sur une situation fausse et dangereuse.
Quand le besoin qui se cache derrière ces « caprices » est compris et satisfait, le caprice disparaît immédiatement.
Il est donc hyper important de chercher la raison de toute manifestation « capricieuse » chez l’enfant car elle est un guide pour comprendre son âme et apaiser notre relation avec lui.
Au fait…quelles sont ces périodes sensibles, quand et comment se manifestent-elles?
La Période sensible de l'Ordre
"Mais où te caches-tu?"
C’était un dimanche d’automne, il y a quelques années. Il faisait plutôt froid dehors alors on jouait à l’intérieur. Un jeu que ma nièce de trois ans adorait, le jeu de cache-cache.
Elle comptait jusqu’à dix, dos au mur pendant que je cherchais le meilleur endroit où je pouvais me cacher. « Ah, derrière le rideau! » J’attendais patiemment qu’elle me trouve.
Puis nous échangeâmes nos rôles. Je comptais à présent jusqu’à dix pendant qu’elle cherchait (enfin c’est ce que j’imaginais) un endroit où se cacher.
Puis je me mis à la chercher. Sous la table, non...Sous la polaire posée sur le sofa, non....derrière la porte, non...
...Je la découvris finalement au même endroit où je m’étais cachée, derrière le rideau. Cela me fit rire « Je dois lui faire comprendre qu’elle peut se cacher ailleurs qu’à cet endroit. »
La fois suivante je me cachais sous la table.
Discrètement je l’observais depuis ma cachette. Elle se dirigea tout droit vers le rideau et le tira vigoureusement, un sourire triomphant sur le visage, certaine de me trouver là.
« Regarde, je suis là! »
Je pouvais voir une moue de déception sur son visage, comme si elle me disait « Mais ce n’est pas une cachette là où tu es, voici la vraie cachette. »
Nous répétâmes l’opération plusieurs fois. Elle se cachait systématiquement derrière le rideau.
Je décidai finalement de jouer le jeu, même si je le trouvais un peu absurde.
Je me cachais à mon tour derrière le rideau. Là je pouvais voir son visage rayonner de joie. « Ah voilà, là tu es cachée! » semblait-elle me dire.
À quoi rimait ce jeu? Pourquoi se cachait-elle toujours au même endroit et s’attendait-elle à ce que je fasse la même chose?
En réalité, elle ne faisait qu’obéir à une sensibilité qui lui permettrait de pouvoir mettre les objets en relation les uns par rapports aux autres, la sensibilité à l’ordre.
Son intérêt et sa joie ne résidaient pas dans la recherche de sa tata mais dans le fait que celle-ci devait retourner à sa place.
Dans mon arrogance d’adulte qui savait comment m’orienter dans le monde et distinguer les rapports entre les choses, j’avais oublié que « ce sens qui transforme l’ambiance en un tout dont les différentes parties dépendent les unes des autres », c’était l’enfant que j’étais qui avait dû l’acquérir à partir du néant…
« A quoi servirait l'accumulation des images extérieures, s'il n'existait pas l'ordre qui les organise? Si l’homme avait seulement connaissance des objets et non de leurs rapports entre eux, il se trouverait dans un chaos sans issue ; c'est l'enfant qui a doté l'esprit de l'homme de cette faculté qui pourrait sembler un don de la nature : celle de s'orienter, de se diriger, pour chercher sa voie dans la vie. Dans la période sensible de l'ordre, la nature a donné la première leçon de la même façon que le maître qui apporte à l'enfant le plan de la classe, pour l'initier à l'étude de la carte géographique qui représente la surface de la terre ; ou bien encore on peut dire que la nature a confié à l'homme, en la personne de l'enfant, une boussole pour s'orienter dans le monde. » Maria Montessori
La période sensible de l’ordre commence dès la première année de vie et se poursuit jusqu’à l’âge de six ans.
Le besoin d’ordre extérieur permet de créer l’ordre intérieur chez l’enfant. C’est pourquoi l’enfant a besoin d’évoluer dans une ambiance connue, familière, pour se sentir en sécurité.
Souvent, après l’âge de deux enfant, si un objet n’est pas à sa place, l’enfant s’empressera de le remettre comme il était.
En revanche, quand il est plus petit l’enfant pourra vivre des crises voire un état mystérieux quasi maladif qui ne cesseront pas tant qu’on n’aura pas rectifié la cause de cet état, qui n’est autre que le changement de place de l’objet…
Dans son livre intitulé « L’enfant » Maria Montessori raconte une anecdote assez expressive de ce besoin d’ordre chez le petit enfant et des crises qui peuvent naître devant un obstacle à ce besoin…
Je partage d’ailleurs cette anecdote dans la dernière partie de cet article consacré à trois (fausses) croyances qui empêchent l’adulte d’être patient avec l’enfant.
La période sensible du raffinement sensoriel
Ça vous agace vous aussi?
Ça vous agace royalement, vous aussi, les personnes qui parlent aux enfants comme si c’étaient des êtres passifs et intellectuellement limités? #gouzigouzimonpetitviensjevaistapprendrelavie
J’ai envie de leur dire :
(et j’espère un jour le faire avec tact, après quelques respirations relaxantes ^^)
« Cet enfant est beaucoup plus intelligent que tu ne le crois…et ta façon de lui parler ne fait honneur ni à son intelligence ni à la tienne. Il voit et comprend des choses que nous adultes ne voyons pas ou regardons avec indifférence. Il a un sens de l’observation très précis que nous adultes avons perdu. Il a peut-être à apprendre au niveau pratique mais il possède une puissance psychique supérieure. Il n’a juste pas la même façon de concevoir les choses que toi…et ce n’est pas plus mal pour l’évolution de l’espèce humaine. »
(J’adore…juste en écrivant ça j’imagine la tête que ferait cette personne que j’ai vraiment vu dire « gouzi-gouzi » à une enfant de cinq-six ans)
Et si l’enfant n’était pas un vase vide que nous, adultes supérieurement intelligents, avions la mission de remplir…
…mais une source qui demandait simplement qu’on l’aide à jaillir?
Et si l’intelligence des enfants se construisait à partir d’éléments extérieurs, okay…
…mais de manière ciblée, active et dans un effort de construction intérieure ?
Maria Montessori explique que les enfants ont déjà en eux une sensibilité accrue qui les pousse à faire germer leur raison…
…contrairement à l’idée (encore trop répandue) que l’enfant est un être psychiquement passif dépendant à 100% de l’adulte.
Comment ce raisonnement se développe-t-il chez eux? En utilisant leurs cinq sens.
L’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher, le goût.
La période sensible du raffinement sensoriel va de la naissance jusqu’à l’âge de six ans.
Durant cette période l’enfant va activement choisir et enregistrer les images de l’ambiance qui l’entoure au moyen de ses sens.
Ces images vont ensuite s’organiser au service de son raisonnement et c’est ainsi que son intelligence va se développer petit à petit.
C’est pourquoi les couleurs vives, les lumières, les sons suscitent autant son intérêt…
C’est pourquoi vous verrez votre enfant « attraper tous les objets qui lui passent sous la main » dès qu’il peut.
Vers l’âge de deux ans il s’intéressera moins aux couleurs chatoyantes mais sera par contre fasciné par les petites choses que nous adultes ne voyons pas…
…comme ce minuscule insecte qui courre sous ses pieds ou ce tout petit personnage représenté en arrière-plan sur son livre d’images et que nous n’avions pas remarqué…
Alors, pour nourrir l’intelligence de votre enfant…
…n’hésitez pas à le laisser toucher la moquette, le plancher en bois, l’herbe, ramasser des feuilles mortes et les observer, peindre, dessiner, modeler, manipuler différents objets, préparer une salade de fruits, la goûter, en nommer les fruits et leurs couleurs, sentir les feuilles de menthe et les fleurs du jardin, écouter les chant des oiseaux et apprendre à les reconnaître…
…des expériences sensorielles simples et pourtant indispensables au plein développement de votre enfant.
(et à son bonheur) 🙂
La période sensible du mouvement
Ce que Maria avait découvert bien avant les neurosciences
Les dernières recherches en neurosciences on démontré qu’un enfant qui joue sécrète du BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), facteur de croissance des neurones. C’est ainsi que son intelligence et son équilibre psychologique se développent.
Maria Montessori avait déjà observé que l’esprit de l’enfant se développait par le mouvement.
Flippant non…
…quand vous voyez beaucoup de nos écoles, où on attend de l’enfant qu’il reste assis sans bouger durant de longues heures à « absorber » passivement des informations qu’il n’a pas choisies…
…c’est vrai le bourrage de crâne ça c’est encore une autre histoire #nempêcheonmarchesurlatête #vivelamotricitélibre
Maria partage notamment ses analyses dans son livre « L’esprit absorbant de l’enfant » :
« Les observations faites sur les enfants du monde entier prouvent qu’ils développent leur propre intelligence grâce au mouvement; le mouvement favorise le développement psychique, qui s’exprime à son tour par le mouvement et l’action. Il s’agit ainsi d’un cycle, puisque psychisme et mouvement appartiennent à la même unité. »
La période sensible du mouvement dure environ entre l'âge de six mois et six ans.
Durant cette période l'enfant va apprendre à coordonner ses gestes comme celui de saisir, se déplacer, se retourner… Au départ involontaires ils vont devenir de plus conscients et intentionnés.
Contrairement aux animaux, la coordination des mouvements n’est pas inné chez l’humain : elle doit être construite et perfectionnée par la répétition d’exercices pratiques.
Tous ces mouvements se développent ainsi au service de la vie psychique. C’est pourquoi la personne qui ne bouge pas est en danger car elle utilise une quantité trop inférieure de muscles. Toute sa vie s’en retrouve affaiblie.
Maria Montessori pense que l’enfant doit perfectionner la coordination des mouvements indispensables à sa vie psychique.
Cela permettra de stimuler non seulement les applications pratiques de ces mouvements mais leurs possibilités d’exécution.
Autrement le cerveau se développera en free style…étranger à la réalisation du mouvement. Le mouvement, n’étant plus dirigé par le psychisme, travaillera alors en porte-à-faux.
Le développement de l’habilité manuelle, notamment, va de pair avec le développement de l’intelligence.
« Nous pouvons en conclure que l’intelligence de l’enfant atteint un certain niveau, sans qu’il fasse usage de sa main; l’activité manuelle lui fait atteindre un niveau plus élevé, et le petit enfant qui s’est servi tout seul de ses mains présente un caractère plus fort. »
« Mon expérience m’a démontré que si, à la suite de conditions particulières, l’enfant ne peut faire usage de sa main, son esprit se maintient à un niveau inférieur; il reste incapable d’obéir, sans esprit d’initiative, paresseux et triste; alors que celui qui a pu travailler de ses mains révèle un caractère mieux trempé. » Maria Montessori
La première manifestation du mouvement est de saisir.
La préhension, au début inconsciente, devient consciente vers six mois.
À dix moix, l’enfant a observé le milieu, ce qui lui a donné le désir de s’en rendre maître. La préhension, mue par le désir, devient intentionnelle.
Le véritable exercice de la main commence alors, s’exprimant par le déplacement des objets.
Avant d’atteindre sa première année, l’enfant a déjà une vision claire de son milieu et agit avec intention.
Il utilise sa main à différents types d’activités qui sont de véritables travaux : ouvrir et fermer des portes, des tiroirs, boucher des bouteilles, déplacer des objets d’un récipient vers un autre…
C’est grâce à ces exercices que son habilité se développe.
De même c’est grâce à l’exercice spontané que l’enfant acquière la station debout, marche et acquière de la force, participe à l’activité de son entourage.
Quand il est capable de marcher et sûr de sa force, tout en étant libre d’agir, il va observer les mouvements des personnes autour de lui et va tendre à les imiter par une nécessité intime.
Mais avoir des exemples à imiter n’est pas ce qu’il y a de plus important pour que l’enfant puisse imiter les gestes des adultes qui l’entourent. Il a besoin d’abord de…
…je vous laisse finir la phrase.
(Pour vous y aider je vous invite à lire cet article)
Sinon...je vous ai déjà parlé de Ronan?
Quand j’avais huit ans j’étais secrètement amoureuse de Ronan, un petit camarade de classe.
Je le trouvais le plus beau, le plus courageux, le plus gentil, le plus intelligent…un vrai gentleman.
Il avait toujours 20/20 partout. Trop fort, Ronan.
Un jour, alors qu’on découpait des rosaces en classe, j’entendis quelqu’un qui reniflait bruyamment.
C’était Ronan. Il pleurait car il n’arrivait pas découper les ronds.
Il voyait qu’autour de lui tout le monde parvenait à découper de beaux ronds, sauf lui.
Sa confiance en lui en avait pris un coup.
Cette épisode m’a marquée.
Bien sûr car je l’aimais bien Ronan, même s’il ne savait pas découper des ronds…
…mais pas seulement.
Je me suis rendue compte qu’on pouvait bien avoir toutes les facilités possibles dans toutes les matières, rien ne remplaçait l’habilité manuelle, l’aisance dans les mouvements et l’autonomie pour renforcer sa confiance en soi…
J’imagine aujourd’hui que le petit Ronan n’avait pas eu beaucoup d’opportunités de développer sa motricité fine (dextérité) lorsqu’il avait entre dix-huit mois et quatre ans…
…soit durant la période sensible du mouvement, quand l’enfant est le plus sensible / apte à apprendre à coordonner ses mouvements et à développer sa motricité fine, à condition qu’on lui en donne la possibilité.
C’est à ce moment-là qu’il aurait dû entraîner sa main avec différentes activités pratiques…
…ce qui lui aurait permis d’apprendre à découper des ronds facilement mais aussi préparer sa main à l’écriture 🙂
Développer sa motricité globale (le corps entier) aussi est primordial à cet âge. En vrai, à tous les âges.^^
Si vous souhaitez encourager votre bébé à développer sa motricité globale et par la même occasion sa personnalité et son intelligence…
…évitez :
- de lui mettre des chaussures rigides / lourdes qui l’empêchent de marcher avec aisance
- de le mettre dans une position qu’il n’a pas acquise par lui-même ou dont il ne peut se défaire tout seul, comme le mettre en position assise alors qu’il ne peut pas le faire de lui-même
- tout matériel de puériculture qui empêche le mouvement libre comme le youpala, le parc, le transat
…privilégiez :
- les chaussons souples / légers / ergonomiques
- les possibilités de marcher pieds nus autant que possible, par exemple en retirant ses chaussures pour marcher dans l’herbe quand il est dehors
- les jeux à l’extérieur
- un simple tapis d’éveil à la maison
Pour remplacer le berceau, une fois que l’enfant sait se déplacer seul, Maria conseille un matelas très bas avec une grande couverture afin que l'enfant puisse y entrer et en sortir lui-même...
...plutôt qu'un lit-d'enfant-classique-avec-des-barreaux-qui-ressemble-plus-à-une-prison-qu'à-un-lit.
Un enfant devrait pouvoir dormir quand il a sommeil et se lever quand il n'a plus sommeil. Qui a dit qu'on devait dresser les enfants au sommeil de très bonne heure?
Surtout dans une phase de leur vie où ils ont au contraire besoin de se mouvoir le plus possible?
Pour favoriser la motricité libre de votre enfant vous pouvez également lui créer des parcours de motricité.
Vous pouvez par exemple placer des objets de différentes formes / textures au sol (plaid, petit coussin, serviette, table, chaise, cerceaux…) qui vont permettre de créer un espace dans lequel l’enfant va pouvoir marcher, ramper, enjamber, contourner, passer en dessous, etc.
Il ne vous reste ensuite plus qu’à lui donner votre consigne et à l’observer 🙂
Vous pouvez également coller du scotch de couleur au sol pour créer une ligne sur laquelle tester l'équilibre.
Ou imprimer des empreintes de pieds et de mains puis les scotcher au sol et demander à l'enfant de les suivre.
Les exercices sportifs comme la marche du crabe, les pompes sur genoux, squats...sont un bon moyen de développer sa motricité mais aussi d'évacuer le stress et de libérer son énergie.
Pourquoi ne pas improviser une petite séance en famille?
La Période sensible des petits objets
Petit exercice rigolo pour muscler votre patience avec votre enfant
Si vous vous souvenez, il y a quelques temps je vous partageais un article sur l’activité spontanée de l’enfant et sur l’importance de ne pas l’interrompre ou d’intervenir, même si on la trouvait absurde.
(exception faite d'une activité dangereuse, on est d’accord)
L’activité spontanée est très souvent le signe que l’enfant est en train d’obéir aux directives d’une période sensible. Selon Maria Montessori :Sinon sa sensibilité finira par s’étioler progressivement.
Lorsqu’on observe un enfant, on peut vite deviner lorsqu’il cherche à répondre aux besoins d’une période sensible. Par exemple, lorsqu’il insiste pour marcher à l’extérieur ou grimper plusieurs fois d’affilées un escalier, on peut rapidement comprendre qu’il obéit en fait aux directives de la période sensible de la coordination des mouvements.
Comment l’aider? Simplement en le laissant faire.
Le laisser marcher lorsqu’il le souhaite (même si nous on aimerait bien qu’il monte dans la poussette pour arriver plus vite à destination)…
…et grimper lorsqu’il le souhaite (même si nous on peut avoir du mal à comprendre le concept de grimper sur tout ce qui nous entoure sans but apparent).
Si vous avez réussi à retirer votre casquette d’adulte-pressé.e-qui-impose-son-propre-rythme-à-l’enfant…
…pour mettre celle de guide-zen-marchant-au-rythme-de-l’enfant, Bravo!
Cela dit, vous avez sûrement dû remarquer quelque chose d’autre durant les promenades avec votre bout de choux.
Obligé…
Si vous avez déjà du mal à garder patience par rapport au rythme de marche plus lent de votre enfant, il y a certainement autre chose qui a dû mettre votre patience à rude épreuve…ou pas, ça dépend…
...quand on s’autorise à lâcher prise (et à prévoir plus de temps pour le trajet) c’est même plutôt adorable à observer 🙂
Avez-vous remarqué son intérêt marqué pour quasi chaque petit caillou rencontré sur le chemin? Les petites feuilles? Les minuscules coccinelles cachées derrière les petites feuilles? Les petites miettes de pain? Les fourmis? Qu’il pouvait rester là, les observer durant de longues minutes sans se lasser?
Vous voyez l’heure tourner et vous vous demandez alors comment faire pour le motiver à avancer... Intervenir? Lui proposer un petit jeu? Une course jusqu’à la maison?
Et si vous lâchiez prise, encore une fois…
…vous mettiez à genoux pour voir de plus près ce qu’il est en train de regarder, l’aidiez à l’examiner ou le laissiez juste tel qu’il est…absorbé dans ses observations précises des petites merveilles de la nature?
Et si vous laissiez votre enfant explorer? Ramasser ces petites feuilles? Jouer avec ces petits cailloux? Les transporter?
Quand vous voyez votre enfant observer attentivement un tout petit détail ou objet c’est un signe. Le signe qu’il obéit aux directives de la période sensible des petits objets. Une période relativement courte qu’il traverse aux alentours de deux ans.
Comprendre le petit lui permet de comprendre le grand, le monde dans lequel il vit. C’est une étape importante vers sa maturation intellectuelle.La période sensible du langage
Comment aider l'enfant à surmonter ses difficultés liées au langage
Lina a le visage renfrogné. « Noooon, pas gentille! »
Ses parents n’en reviennent pas. C’est la première fois qu’elle parle. La veille de ses trois ans.
« Pourquoi, pas gentille? »
Lina se rappelle de toutes les fois où cette femme sensée prendre soin d’elle lui avait dit d’un ton menaçant : « Maintenant tu dors. Je ne veux pas entendre un mot. »
Lina pointe ses doigts sur son ventre en appuyant dessus légèrement avec un air menaçant.
« Méchante. Couteau. »
« Elle t’a menacée avec un couteau? »
« Oui. »
Blême, sa mère se souvient de tous les signes qui auraient dû lui mettre la puce à l’oreille…
…toutes ces fois où elle appelait la nounou, qui, quelle que soit l’heure de la journée, lui assurait que Lina « dormait »…
….le manque d’attachement de Lina à cette nounou…
…ses airs de répulsion quand elle la voyait…
…et enfin ce retard de langage.
Lina avait commencé à parler quelques jours après le départ définitif de la nounou, partie du jour au lendemain sans explications.
Pendant trois ans Lina n’avait pas prononcé un seul mot.
Bien que son esprit était capable d’absorber tous les mots entendus dans son environnement, elle était incapable de parler durant cette période qui aurait dû être la plus riche de sa vie en termes de déploiement du langage.
Deux sérieux obstacles l’avait empêchée de se développer normalement durant cette période : la peur (pour ne pas dire la terreur) et le peu de mots et de vocabulaire précis entendus autour d’elle au quotidien.
Cette histoire (inspirée de faits réels) peut sembler extrême mais c’est un témoignage poignant de ce qui se passe quand l’enfant n’a pas le bon environnement, bien qu’il soit en pleine période sensible du langage.
Les difficultés qui entravent le développement normal sont appelés répressions. Les répressions remontent à l’âge de l’enfance. Ils peuvent être en rapport avec le langage mais aussi à beaucoup d’autres activités de l’enfant.
Comme on l’a vu, le langage s’est d’abord élaboré dans l’inconscient de l’enfant. Mais la quantité de mots prête à exploser doit avoir une liberté d’émission.
L’enfant doit avoir une liberté d’expression quand survient l’explosion des phrases, afin d’apporter une forme à ses pensées.
Dans les cas où l’explosion ne se produit pas à l’époque normale (comme dans le cas de Lina qui ne se servait à trois ans que des quelques mots qu’elle possédait déjà à un âge plus jeune) on parle de « mutisme psychique ». Ce phénomène a toujours une cause psychologique. C’est une maladie psychique.
Mais tout était préparé dans son « moi » intime…c’est pourquoi l’explosion de mots a eu lieu « miraculeusement » dès que l’obstacle (la nounou) a été enlevé.
Les obstacles au déploiement du langage peuvent être créés par l’environnement mais également par les propres limitations de l’enfant.
Car il vit la deuxième période difficile de son adaptation (la première étant celle qui suit sa naissance) comme l’explique Maria Montessori.
Comme dans la période qui suit la naissance, la conquête du langage est un chemin ardu qui peut être soit le chemin vers une plus grande indépendance - en cas de soins et de compréhension - soit un risque de régression en cas d’obstacles - comme une lutte ou une peur.
Comment aider l’enfant? Être un tremplin dans son chemin vers l’indépendance plutôt qu’un obstacle?
Selon Maria, il faut commencer par lui laisser une liberté d’activité dans un milieu stimulant…
…ne pas hésiter à utiliser un vocabulaire riche et précis avec lui (plutôt qu’un langage enfantin)…
…veiller à toujours garder une attitude douce à son égard, dépourvue de toute violence. Souvent nous ne nous rendons pas compte de notre dureté ni de notre violence.
…s’opposer à la froide autorité de certaines nounous envers les enfants qu’elles gardent et qui empêche leurs manifestations extérieures « Ne fais pas ça. Ça ne se fait pas! »
…se mettre en alerte pour comprendre le fonctionnement mental de l’enfant. Ce n’est pas facile car souvent nous ne comprenons pas son langage ou ne saisissons pas la signification qu’il souhaitait donner à ses paroles.
Le caractère naturel de l’enfant est la patience. Les colères et les réactions violentes sont, elles, l’expression de l’exaspération de l’enfant qui ne sait pas s’exprimer.
En étudiant son langage et sa sensibilité nous pouvons le comprendre de manière approfondie.
Parfois il est nécessaire de connaître toute la vie de l’enfant pour comprendre ce qu’il a cherché réellement à exprimer et ainsi l’aider dans les difficultés qu’il rencontre.
On a souvent besoin d’être l’interprète de l’enfant et de son langage pour comprendre son état mental.
En devenant son interprète, nous lui ouvrons une porte d’espoir et une véritable aide dans ce monde qui souvent lui ferme les portes des découvertes…
…une aide pour mieux s’adapter à son milieu (plutôt qu’une consolation).
Que dites-vous de l’idée d'être l’interprète de votre enfant?
Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez réussi à comprendre exactement le fond de sa pensée malgré ses difficultés de langage? De l’expression de ses yeux émerveillés et pleins d'espoir? « Ah enfin on m’a compris! Je me sens vu, entendu, compris. Quel bonheur! »
Bref, l'enfant sera je pense éternellement reconnaissant à la personne qui aura fait ce réel effort pour le comprendre et l'aider dans cette période pas toujours facile qu'est la conquête du langage. ^^
Sinon…il y a deux autres obstacles (très répandus) au développement de l’enfant - et en particulier au développement de son langage - dont je ne vous ai pas parlé dans cet article…
…je vous invite à les découvrir ici.