Avez-vous remarqué que toute notre vie était une préparation indirecte? Une préparation à quoi? À ce qui vient après…
C’est encore plus vrai quand il s’agit de l'activité de l’enfant.
Pendant une bonne partie de ma vie j’ai travaillé dans le domaine de la construction.
Je pense que si je devais retenir une seule chose de toutes ces années, c’est l’importance de créer des fondations solides et bien ancrées.
Vous pouvez construire le bâtiment le plus beau, le plus haut, le mieux aménagé qui soit…si les fondations ne sont pas solides, c’est tout le bâtiment qui menace de s’effondrer.
Pour un arbre c’est pareil. Comment un arbre peut-il s’élever à des dizaines de mètres de hauteur, résister aux rafales de vent, à la pluie, la neige, aux tremblements de terre?
Vous connaissez la réponse : la profondeur, la force et la stabilité de ses racines.
Vous voyez où je veux en venir? L’enfant, ce sont les racines, les fondations de l’être humain. Et nous devons faire attention à les nourrir de manière adéquate, ne pas entraver leur développement, les laisser se déployer, ne pas les fragiliser par inadvertance.
Par exemple, en empêchant un enfant de marcher alors qu’il le souhaite. Ou vouloir le faire marcher à notre rythme.
Un enfant de deux ans peut marcher deux-trois kilomètres et même grimper s’il en a envie. Qu’est-ce qui nous pousse à prétendre qu’il ne peut pas parcourir un long chemin? Notre volonté à vouloir le faire marcher à notre allure.
Or, comme le dit Maria Montessori : « L’enfant a ses lois de développement et si nous voulons l’aider à croître nous devons le suivre, et non pas nous imposer à lui. Il ne se promène pas seulement avec ses jambes, mais aussi avec ses yeux; ce sont les choses intéressantes qui l’entourent, qui le poussent à aller plus avant. »
La marche a pour l’enfant une signification différente de celle que lui donne l’adulte.
L’adulte marche en général pour aller d’un point A à un point B. L’enfant n’a pas envie d’aller à un point B, il veut simplement marcher…et comme ses jambes sont plus petites que les nôtres, nous devons le suivre et non pas nous faire suivre par lui.
L’enfant qui se promène est un explorateur. Lorsqu’il marche il passe d’une découverte intéressante à l’autre. Ici une fleur qu’il cueille, là une feuille à observer. C’est comme ça qu’il apprend, en explorant. Et plus il apprend, plus il marche.
Comment? Par exemple en lui enseignant les couleurs, les nervures des feuilles, la vie des insectes, le long du chemin…
L’éducation devrait s’inspirer de la marche de l’enfant...Lui permettre de marcher et de regarder toujours plus loin, en enrichissant sa vie.
Pour être attentif à ne pas détruire les tendances naturelles de la vie, je pense qu’il est important de comprendre un principe profond enseigné par Maria Montessori et qui sous-tend sa pédagogie scientifique : c’est que l’enfant a une tendance à imiter l’adulte - ça on le savait déjà - et surtout qu’il doit comprendre
avant d’imiter.
L’enfant, pour pouvoir imiter, doit y être préparé. Et cette préparation dépend de l’effort de chaque enfant. L’exemple n’est qu’un motif d’imitation mais ce n’est pas le plus important.
L’important est le développement de l’effort d’imitation, pas d’atteindre la reproduction exacte de l’exemple donné.
C’est pourquoi Maria Montessori recommande de n’entraver aucune activité de l’enfant (sauf bien sûr si elle est dangereuse) « même si elle nous semble absurde ou contraire à nos désirs. »
On ne doit pas s’étonner de voir un enfant de moins de deux ans porter des poids très supérieurs à ses forces, ou des objets plus grand que lui, sans raison apparente.
La réaction habituelle des adultes est de libérer l’enfant de son poids ou d’intervenir dans son activité. Pour les psychologues, les déviations de beaucoup d’enfants dits « difficiles » peuvent provenir de ces interruptions et interventions de l'adulte.
Un autre effort qui attire l’enfant : monter un escalier.
Pour nous, son but est d’arriver « en haut ». En réalité, pour lui, ce n’est pas le but. Son but
véritable, son stimulant intérieur, c’est l’effort de monter, de grimper.
D’ailleurs quand il arrivera en haut de l’escalier il ne sera pas satisfait et voudra retourner à son point de départ pour clore son cycle et le répéter.
Eyyy mais c’est pour ça qu’il adore grimper sur les chaises aussi?! Oui ^^ Petit quizz pour savoir où vous en êtes niveau lâcher prise avec votre enfant…
Votre enfant grimpe sur une chaise.
A- Vous criez - pardon, dites - à votre enfant : « Descends de cette chaise tout de suite!! Ou vous l’en faites descendre vous-même…
B- Vous le laissez sur la chaise tout en « respirant dans sa nuque comme un bouledogue » tellement vous craignez qu’il tombe et se fasse mal (cette expression vient de ma soeur…j’adore ^^)
C- Vous le laissez sur la chaise tout en restant près de lui au cas où, l’air de rien…ou vous lui dites « J’ai confiance en toi et en même temps j’ai peur que tu te fasses mal, alors je reste près de toi. »
D- Vous le laissez monter sur les meubles qu’il souhaite (table, chaise), en sécurisant sa montée seulement quand c’est nécessaire (risque qu’il se fasse vraiment très mal s’il tombe)
Alors, où en êtes-vous?
Revenons à cette histoire de préparation nécessaire...Pour la spiritualité et la socialisation c’est pareil.
L’enfant a déjà une conscience sociale et spirituelle et en même temps son esprit a besoin d’être convenablement préparé à la vie sociale et spirituelle.
Lire des histoires de héros ou de saints à un enfant peut susciter son intérêt, l’inspirer à imiter ces figures...mais l’imitation est impossible sans préparation.
« Dans les pays où l’industrie du jouet n’a pas autant progressé, on trouvera des enfants très différents : plus calmes, sains et joyeux; ils s’inspirent des activités qui les entourent; ce sont des êtres normaux, qui adoptent et manient les objets en usage autour d’eux.
Quand la maman lave ou fait le pain, l’enfant l’imite. C’est bien une imitation, mais intelligente, sélective, à travers laquelle l’enfant se prépare à faire partie de la société. Il n’est pas douteux que l’activité enfantine doive avoir ses propres buts.
Le mieux est de donner à l’enfant la possibilité d’imiter les adultes de sa famille et de sa communauté, en lui fournissant des objets proportionnés à ses forces et à ses possibilités, et un milieu dans lequel il puisse se mouvoir, parler et se diriger vers une activité constructive et intelligente. » Maria Montessori
Je vous propose en bonus une activité gourmette (ou gourmande, ça dépend ^^) pour préparer votre enfant à la vie sociale...
...tout en l'aidant à affiner ses cinq sens, son langage, sa capacité à manipuler et sa confiance en lui.
Elle convient aux enfants de tout âge à partir de trois ans (même avant, selon l'enfant).
N'hésitez pas à partager cet épingle si vous pensez que cette réalité (peu connue) de l'enfant doit être connu.e par le max d'éducateurs possible.
Merci de me lire et de partager <3