Colère parentale : petite étude de cas personnelle ^^
J'aimerais partager avec vous quatre leçons cruciales que m’ont rappelées mes nièces venues passer leurs vacances chez leurs grands-parents…notamment sur nos colères « d’adultes » …
...Vous savez...ces réactions disproportionnées que nous avons parfois devant les "bêtises" d'enfants et qui nous font nous demander si nous ne les avons pas un peu traumatisés en chemin...
...ces colères qu'on croit légitimes sur le moment "Non mais c'est quoi ce caprice encore?!"...
...pourtant ce qui a réellement déclenché notre colère ce n'est pas l'enfant...
Voici quatre leçons à retenir :
1/ Les enfants ont toujours une intention positive
Un soir de vacances. Mes nièces sont déchaînées. Elles ont élu le matelas de leur grand-père comme tremplin et sautent dessus à coeur joie dans des éclats de rires.
Leur belle énergie fait plaisir à voir MashaAllah. Mais baba est fatigué et a peur qu’elles cassent les ressorts de son matelas. Il leur demande d’arrêter.
Rien n’y fait et elles continuent de plus belle, comme si elles n’entendaient pas…J’interviens et essaie de leur parler. C’est comme si j’étais invisible. Elles ne m’écoutent pas ni ne me regardent...
...Baba commence à perdre patience et de mon côté je sens la colère monter.
En réalité ce ne sont pas mes nièces qui m’ont mise en colère mais mon jugement : « Ça ne se fait pas de nous ignorer comme ça, elles font n’importe quoi ces petites! ».
En réalité ce n’est pas qu’elles ne voulaient pas nous écouter (en langage adulte tu remarqueras que souvent « tu ne m’écoutes pas » signifie en fait « tu ne m’obéis pas »).
Elles étaient tellement prise par leurs jeux qu’elles ne nous entendaient et ne nous voyaient réellement pas. Leur intention était de s’amuser et de se défouler, pas de nous embêter…même si c’était l’impression qu’on avait.
Plutôt que de nous énerver sur elles…nous aurions pu attendre patiemment qu’elles sortent de leur état de « transe » et se calment pour leur dire gentiment que leur grand-père était fatigué et qu’elles risquaient de casser son matelas…
…que nous comprenions leur envie de jouer mais que cette stratégie-là (sauter sur le matelas) ne nous convenait pas…puis leur proposer une autre stratégie en retour : « Voici ce que vous pourriez faire à la place pour vous défouler et pour qu’on soit nous-mêmes confortables par rapport à ça. »
Mais les émotions ont pris le dessus…la colère notamment…ce qui les a rendues encore plus excitées, a retardé le moment où elles sont descendues du lit et a créé du stress inutile…une tension particulièrement nuisible pour les enfants.
En prenant conscience qu’elles cherchaient seulement à répondre à un besoin vital : celui de libérer leur énergie…qu’elles avaient une bonne intention (même si la stratégie qu’elles utilisaient ne nous convenait pas)…nous aurions pu résoudre cette situation avec sagesse et maturité, c’est-à-dire sans colère ni cris.
Quoiqu’il arrive, rappelons-nous : les enfants ont toujours une intention positive.
À nous de leur proposer d’autres stratégies pour qu’ils puissent répondre à leurs besoins sans que nous nous sentions nous-mêmes dans l’inconfort.
2/ Si vous voulez que vos enfants soient calmes le soir (et du coup vous aussi) permettez-leur de se défouler le jour
À propos de stratégie…ça m’amène au 2e point.
Avec du recul nous nous sommes rendus compte que les filles n’étaient pas du tout sorties jouer en plein air ce jour-là. Il faisait gris, un peu frais...la flemme de sortir.
Nous sommes donc restés à la maison, à jouer à des jeux calmes et paisibles…Nous n’avons pas vu la tempête arriver. ^^
Après l’épisode du lit-tremplin, finie la flemme!!!
Nous sommes sortis quotidiennement, quelle que soit la météo. Parc, jardin, plage, attractions (nous avons finalement trouvé de vrais tremplins…yeah) balades à pied, en barque…
Elles étaient beaucoup plus calmes et apaisées le soir… comme de par magie 🙂
3/ Tant que vous n’avez pas guéri votre enfant intérieur blessé vous ne pourrez pas être l’adulte (ni du coup le parent) que vous avez toujours rêvé d’être
Si vous avez remarqué j’ai utilisé certains mots pour parler de mon « ressenti » face au comportement de mes nièces : « invisible » « ignorer » « ça ne se fait pas » « n’importe quoi »…
En réalité ces mots ne parlent pas de sentiments ni d’émotions mais d’interprétations de ma part…des interprétations de faits présents à partir de lunettes du passé…de blessures d’enfance réactivées par une situation actuelle ressemblant à une situation vécue autrefois.
Les mots « invisible » « m’ignorer » parlent de la blessure de rejet et du masque de fuyant.
Les expressions « ça ne se fait pas » « elles font n’importe quoi » parlent de la blessure d’injustice et du masque de rigide.
En méditant après coup sur ce qui s’était passé j’ai pu mettre des mots sur mon réel ressenti : tristesse et colère. Tristesse de ne plus sentir de connexion entre nous. Colère de ne pas me sentir vue ni écoutée.
Mes sentiments parlent de moi, pas de mes nièces. Mes nièces n’ont rien à voir avec mon passé. Tant que je n’accepte pas de vivre pleinement mes émotions comme m’appartenant je ne peux pas guérir mes blessures et rester centrée.
Car pour guérir une émotion il faut pouvoir l’identifier et l’accueillir, la ressentir telle quelle, l'accepter, l'assumer…ce que nous empêchent de faire nos réactions égoïques (les masques).
4/ Vous n’avez pas besoin d’être H24 avec vos enfants pour être une bonne mère (ou tante ou grand-mère), au contraire
J’ai pris l’habitude de consacrer du temps le matin à la méditation et à des routines nourrissantes comme la marche, l’écriture…
…des habitudes qui m’aident justement à rester centrée et à réguler mes émotions…à lâcher prise.
Mais pour pouvoir consacrer plus de temps à mes nièces j’ai zappé certains rituels (notamment la méditation) les premiers jours de leur arrivée.
Top, plus de temps ensemble…mais avec une humeur pas au top.
J’ai vite repris ces habitudes…Mieux vaut moins de temps passé ensemble mais de qualité que davantage de temps mais en tirant la tronche…
Ces leçons font-elles écho chez vous? Avez-vous tendance à oublier la première lorsque vous sentez la colère monter?
Maintenant j’aimerais vous raconter une courte histoire que j’ai inventée…
..Elle est inspirée de la vie réelle…mais aussi de sages conseils de thérapeutes et enseignants spirituels comme John Gray, Eckhart Tolle, Olga Alexandrova, Oum Ayman…
C’est l’heure du déjeuner. Yasmine sert son enfant. Il fait la moue devant son plat…Manifestement il n’a pas très envie d’y goûter…
Elle se dit « C’est bizarre, pourtant j’ai mélangé les brocolis avec des pâtes! ».
Soudain, avec un ample geste digne d'un athlète olympique, l’enfant fait voler le plat à travers la cuisine. Il atterrit joyeusement sur le carrelage.
Yasmine sent la colère monter en elle. « Purée…j’ai passé tout ce temps à préparer ce plat avec amour…pour ça??! »
Plusieurs choix s’offrent à Yasmine.
Elle peut laisser éclater sa colère, crier, faire de durs reproches à son fils, le punir ou lui faire du chantage affectif
(chacun.e à sa recette pour se défouler sur l’autre, en piétinant la relation au passage)…
...ou elle peut changer sa façon de penser.
Elle ne peut pas contrôler ce que font les personnes autour d’elle. Tout ce qu’elle peut faire c’est agir avec sagesse pour changer les choses qu’elle peut changer ou changer sa façon de les percevoir.
En commençant par se déconnecter de sa pensée et focaliser son attention pendant quelques secondes sur sa respiration et sur quelque chose dans son environnement qui lui inspire du calme…
Ça tombe bien, Yasmine a une belle orchidée chez elle. Elle adore observer cette plante qui sait être là, en vie, calme, elle-même, dans l’ici et maintenant.
Elle ressent le calme de cette plante, son lien avec la Source, et ça l’aide à retrouver son calme, à trouver un espace de repos au fond d’elle-même.
Tout en la regardant, elle parle intérieurement à sa colère : « Ô feu, sois fraîcheur et salut! » (« يَا نَارُ كُونِي بَرْدًا وَسَلَامًا »)
« Okay, il n’aime pas ce plat. J’aurais aimé qu’il le dise plutôt que balancer son assiette par terre. Est-ce que je lui ai appris à exprimer ses besoins et frustrations avec des mots? C’est vrai que moi quand je suis frustrée j’ai tendance à garder ça pour moi ou à laisser éclater ma colère…Tiens c’est une excellente occasion de lui exprimer mon sentiment de frustration avec calme. »
« Chéri je n’aime pas du tout ce que tu viens de faire. Du tout. Vraiment ça me met en colère. Je veux que tu me dises ce qui t’embête plutôt que jeter ton assiette comme ça."
"Ça me fait mal car j’ai passé beaucoup de temps à préparer ce plat, j’y ai mis du coeur. Je suis désolée de ne pas te proposer les légumes que tu aimes et de ne pas t’écouter parfois."
"Je comprends que tu n’as pas envie de manger certains plats. Je te pardonne et en même temps j’aimerais que tu répares cette bêtise. Est-ce que tu serais d’accord pour ramasser et nettoyer ce que tu as jeté par terre? Je vais t’aider si tu veux. »
Finalement, Yasmine se sent reconnaissante envers son enfant.
Il l’a aidée à voir qu’il y avait de la colère en elle, des frustrations.
Elle qui les exprime d’habitude si peu…en les gardant pour elle ou en explosant de rage…elle s’est donnée la permission cette fois-ci de les exprimer avec authenticité après avoir vu son enfant exprimer son dégoût d’une façon si franche et spectaculaire…
Son enfant, c’est sa super salle d’entraînement (gratuite) qui l’aide à développer sa conscience et grandir spirituellement…
Que vous inspire cette histoire? Et vous, comment gérez-vous votre colère parentale au quotidien? N'hésitez pas à partager votre expérience et vos astuces dans les commentaires!