Aujourd’hui j’aimerais vous raconter un histoire qui fera peut-être écho chez vous.
C'est l'histoire d'un amour profond entre une maman et son petit garçon.
L'enfant était très sage elle ne le punissait jamais, ne le laissait jamais s’ennuyer ou être frustré. Peut-être, pensait-t-elle, que "c'est un besoin de combler un manque de choses que je n'ai pas eues".
À l’arrivée de son deuxième Loulou tout a basculé. Elle ne pouvait plus, avec deux enfants, être la mère parfaite.
L’impression de ne jamais être à la hauteur ne faisait que grandir en elle. Le sentiment de délaisser l'un quand elle passait du temps avec l’autre. Son grand a très mal réagi à la naissance de son frère. Il le critiquait, a commencé à changer de comportement, à répondre, dire de vilains mots.
Aujourd’hui elle se sent perdue "Mes deux enfants ne m’écoutent pas et ne me respectent pas".
Elle tente de parler, de mettre des règles mais elle n’arrive pas à s’y tenir. Elle ne veut pas forcer un enfant qui lui tient bon et en même temps elle se répète sans cesse "Je ne me sens plus à la hauteur".
Comment résumer son problème en un mot ou une phrase?
Comment analyser le changement de comportement de ses deux enfants avec elle, sa difficulté à leur poser des limites et son sentiment de ne plus être à la hauteur?
Quelle(s) solution(s) pourrait-elle envisager pour retrouver la connexion avec ses enfants et améliorer leur comportement avec elle?
Je crois que cette pensée « je ne me sens plus à la hauteur » résume bien ce que vit cette maman.
Cette maman agit depuis le début non depuis un espace d’abondance, mais depuis un espace de manque.
Manque de quoi? D’amour, d’affection, d’épanouissement, certainement.
Petite, elle ressentait peut-être un grand manque d’affection.
Non que ses parents ne l’aimaient pas, mais peut-être lui exprimaient-ils rarement leur affection ou d’une manière maladroite. Ou simplement pas comme elle aurait aimé.
Peut-être que ses tentatives de différenciation et ses bêtises étaient traitées avec dureté (comme dans beaucoup de familles malheureusement!) alors que c’était dans ces moments-là qu’elle aurait eu le plus besoin d’un accueil bienveillant, d’une écoute empathique et d’un soutien compatissant de la part des adultes qui l’entouraient.
Elle a peut-être alors développé la croyance que « si on me traite ainsi, c’est qu’au fond je ne suis pas aimé.e telle que je suis et ne le serai jamais car je ne le mérite pas. »
Elle a cherché, pour être aimée, à devenir la petite fille parfaite, sage, obéissante. Elle ne s’autorisait plus à être elle-même, une petite fille imparfaite et adorable.
Or ce qui n’a pas été vécu dans l’enfance revient à l’âge adulte comme un fantôme, lors de circonstances qui rappellent émotionnellement ce qui a manqué dans le passé, comme l’explique Moussa Nabati.
Les épreuves qu’elle a vécues enfant, le manque affectif, ont fait qu’elle a développé des valeurs d’amour et de compassion pour ne pas priver ses enfants de ce dont elle a elle-même manqué. C’est plutôt une bonne chose 🙂
Ce qu’elle ne sait peut-être pas, c’est que tant qu’elle n’a pas soigné son enfant intérieur blessé, prisonnier du passé, elle répètera le même schéma avec les personnes qui l’entourent.
C’est-à-dire continuer à donner du temps, de l’amour à chacun de ses enfants tout en ayant toujours l’impression de ne pas en donner assez, que ce ne sera jamais assez. La preuve : son grand a commencé à changer de comportement, répondre, dire de vilains mots.
La fameuse croyance développée enfant : « on se comporte mal avec moi, on ne m’aime plus parce que je ne suis pas assez, je ne suis pas « à la hauteur » ».
La croyance aussi que si on pose des limites à son enfant, ce sera forcément dans la violence et donc dans le dés-amour.
Je pense de plus en plus que ce qui se passe dans la réalité extérieure est souvent le reflet de ce qui se passe à l’intérieur de nous. C’est un message qu’on a besoin de déchiffrer, de comprendre pour notre propre croissance.
Quand elle dit que ses enfants ne l’écoutent pas, ne la respectent… a-t-elle observé son propre monde intérieur? S’écoute-t-elle? Se respecte-t-elle elle-même? Respecte-t-elle son corps, ses propres besoins? S’aime-t-elle? Se parle-t-elle gentiment?
Pense-t-elle qu’elle est « assez » comme elle est? Assez gentille? Assez affectueuse? Assez intelligente? Qu’elle en fait assez? Qu’il n’y a rien à enlever? Rien à ajouter?
Je pense que ses enfants changeraient sensiblement de comportement avec elle si elle commençait à prendre conscience qu’elle est « assez » comme elle est (répéter le mantra de Marisa Peer « Je suis assez » devant son miroir l’y aiderait) car les enfants sont plus connectés à notre inconscient, notre langage non-verbal qu’à notre conscient et ce qu’on dit.
Si elle répondait à sa voix intérieure « Écoute Fantômas, merci pour ton apparition mais je ne suis plus une petite fille qui a peur de prendre sa place. Je suis à la hauteur car je fais de mon mieux. J’ai toujours fait de mon mieux avec les moyens que j’avais. Je suis assez comme je suis. Et toc! »
C’est une première étape, l’étape la plus cruciale à mon avis pour développer une relation apaisée avec ses enfants…
…Il lui reste maintenant à établir une communication efficace avec eux afin de leur poser des limites saines (et sans violence)
La communication non violente permet de poser des limites à l’autre en exprimant l’impact de son comportement sur moi, c’est-à-dire en exprimant mes besoins non satisfaits.
Comme le dit Isabelle Padovani, formatrice en CNV : « Si je ne me prends pas en compte, n’exprime pas ce qui se passe en moi, je me fais violence et il y aura violence à l’arrivée. »
Quels sont les besoins de l’enfant? Il a un besoin d’attention, mais aussi de repères, de se sentir contenu.
À partir de six ans il a aussi besoin de tester sa capacité d’action, sa capacité à nourrir ses besoins pour ne pas se sentir impuissant.
Il a un besoin de jeu qui peut passer par titiller, se moquer…Il cherche où se trouve la limite de son pouvoir.
Isabelle Padovani explique que pour un enfant il est très important de découvrir qu’il a du pouvoir sur les choses. Mais il est aussi difficile pour lui de découvrir qu’il n’a aucun pouvoir que de découvrir qu’il a tous les pouvoirs.
Il a donc besoin de développer sa confiance dans le fait qu’il a un certain pouvoir d’action qui lui permet de nourrir ses besoins.
Et en même temps il a besoin de repères très clairs qui lui permettent d’évoluer et de se positionner.
C’est donc important de lui montrer quelles sont les limites au delà desquelles nous ne sommes pas confortables : ça va nourrir ce besoin de repères clairs et cette aspiration à pouvoir poser des actions.
La question cruciale est : comment poser des limites sans violence? Car si on pose des actes violents (cris, punition, fessée, menace, etc) ça va peut-être répondre à court terme au besoin de limites de l’enfant mais ça aura aussi des conséquences à long terme : créer des relations de pouvoir avec « le plus fort » vs « le moins fort ».
Avec aussi toutes les conséquences néfastes que ça risque d'avoir sur l’estime de soi et le développement psychique de l’enfant.
On n’est alors pas dans une relation gagnant/gagnant mais dans une relation gagnant/perdant (qui se transformera tôt ou tard en perdant/perdant).
Comment entrer en lien avec l’autre?
- D’abord en écoutant quels sont ses besoins
- De l’autre côté en lui disant quels sont les nôtres
C’est important de différencier les besoins/aspirations de l’autre de ses stratégies. Ok, je suis en phase avec ses besoins (d’attention, de repères clair), j’aimerais contribuer à y répondre…Mais suis-je confortable avec sa stratégie (se montrer irrespectueux)?
Si la réponse est NON je vais lui faire le cadeau de le lui dire, une fois que j’ai vérifié avec lui ce qui est en jeu (son besoin d’attention et de repères) :
« Quand tu fais ça c’est pas agréable pour moi, ça me fait mal au coeur, ça me fait triste parce que je t’aime, j’ai vraiment envie de pouvoir t’aider, te soutenir, mais cette stratégie-là ne me convient franchement pas. Et toi, comment tu te sens? »
(---> Je lui donne les moyens de mesurer l’impact de ses actions. C’est l’opposé du système punitions/récompenses.)
« Ensuite on pourrait trouver une autre façon de faire pour que toi tu puisses prendre tes repères, te sentir en sécurité dans la relation avec moi, dans la vie, et qu’en même temps moi de mon côté je me sente confortable avec toi…parce que je n’ai pas de joie quand tu te moques comme ça, je ne sens plus la tendresse entre nous, ça me fait triste dans mon coeur. »
Et vous?
Reconnaissez-vous aussi chez vous des manques liés à votre passé qui tendent à refaire surface dans certaines circonstances et colorer vos interactions avec votre enfant?
Pensez-vous qu’on peut poser des limites à son enfant sans entrer dans un rapport de force?
Avez-vous déjà essayé de pratiquer la communication non violente avec votre enfant?
Soubhanallah on dirait mon histoire !!!
C’est exactement ce que je ressens tout refait surface c’est très dur à gérer …
Merci pour ce post qui me parle énormément
Elhamdoullilah que ce post ait fait écho chez toi 🙂 La prise de conscience, le premier pas vers la guérison <3
Je t'en prie!
Excellente journée à toi!