Un parent avisé sait intuitivement que l'éducation doit s'harmoniser avec le développement naturel de l'enfant afin qu'elle donne ses fruits.
Le Musulman, lui, sait aussi que l'enfant a déjà en lui la graine de la foi, la fitra ou disposition naturelle à aller vers Dieu. Il s'agit donc de prendre soin de cette graine afin qu'elle puisse grandir sans obstacles. Comment nourrir de façon adéquate cette fitra de l'enfant et introduire la religion dans sa vie comme une source de joie? Bismillah.
Avant l’âge de sept ans, l'enfant a surtout besoin de beaucoup d’amour et d'attention. Un lien fort parent-enfant l'aidera à développer son estime de soi, cette vertu indispensable dans la construction d’un caractère équilibré et d'une spiritualité saine.
Un environnement stable, affectueux, servira de terreau solide à un code moral interne. Car l'enfant n'est alors pas encore capable de discerner le bien du mal, bien qu'il ait besoin de limites clairement établies.
Pour lui, faire quelque chose de "mal" est surtout lié au fait de se faire reprendre. Il appréhende le monde plus par ses cinq sens que par son intellect.
Selon des propos attribués à la pédagogue Maria Montessori (connue également pour être une fervente chrétienne) dans cet article, l'enfant est plus disposé à vivre la religion comme une expérience vivante qu'apprendre un dogme. Lui enseigner la religion sous forme de leçons n'en fera donc pas une réalité pour lui.
Pire, cela risque de lui faire voir la religion comme une contrainte. Au lieu de la lui faire aimer, on construit alors un obstacle qui l'empêchera la comprendre quand il sera plus âgé.
En revanche, lui faire connaître Dieu comme le Créateur bienveillant qui aime et protège ses créatures lui parlera et permettra de construire le fondement de sa spiritualité.
D'un autre côté Maria Montessori observe que l'enfant, dès son plus jeune âge, est très attiré par les rituels. On constate en effet que le tout petit est très sensible au rituel de la salât, et cherche à imiter les adultes dans leurs mouvements. Concentré et plein d'imagination, son imitation peut être très personnalisée! Il peut considérer que dessiner ou se cacher derrière une porte fait partie du rituel ^^.
Elle rappelle que, dans les sociétés modernes et primitives, le fait de consacrer un espace-temps pour un rituel particulier fait partie de la nature humaine.
L'aspect cérémonial des rituels religieux répond donc à un besoin naturel profond chez l'enfant.
De plus, les rituels engagent les cinq sens, sont en prise directe avec le réel. En lui préparant un environnement propice, on pourra laisser à l'enfant la liberté de participer pleinement à la cérémonie de la salât.
On pourra, par exemple, lui présenter deux petites bassines (l'une servira à verser, l'autre comme "lavabo") pour qu'il puisse faire ses "ablutions" s'il n'a pas de lavabo à sa hauteur.
On pourra ranger un petit tapis et un châpelet à son intention dans un endroit facile d'accès pour lui. Enfin, on pourra lui aménager un espace de prière agréable à côté du notre, en y mettant de l'ordre et un peu de parfum.
L'expérience de verser de l'eau, l'espace ordonné, l'odeur parfumée, l'alternance entre silence et paisible récitation du Coran, les différents postures, tout cela contribuera à combler le coeur de l'enfant et lui faire identifier la prière avec ce qu'elle est en réalité, une célébration.
L'emmener à la mosquée, notamment pour les deux Aïds, nourrira aussi fortement cet aspiration à la cérémonie. Les rangées alignées des orants, l'ambiance solennelle, les chants et récitations, ne manqueront pas de le captiver.
Vers sept ans l’enfant atteint l’âge de raison. C’est le début d’une nouvelle période de compréhension du monde qui l’entoure. Sa conscience morale prend forme. Il commence à discerner les notions de bien et de mal, de justice et d’injustice (c'est vers cet âge qu'on l'entendra dire "C'est pas juste!").
Il parvient à saisir ces concepts à travers des faits concrets contrairement à un enfant plus jeune. Il peut également concevoir la différence entre les histoires qu’il s’imagine et le véritable mensonge.
D'après Piaget, vers 6-7 ans le bien est d'abord défini par l'"obéissance" (règle à respecter à la lettre et non dans l'esprit). Le jugement moral de l'enfant évolue ensuite à travers différentes phases.
Au cours de cette période l’enfant comprendra progressivement les bienfaits de suivre les règles, le respect des autres et l’entraide.
On pourra nourrir l'esprit moral de l'enfant en lui tenant une compagnie aimante et douce, en lui racontant des histoires avec une morale (j'en ai écrit et illustré deux que vous trouverez ici et ici), en étant disponible pour répondre à ses questions.
De temps à autre on pourra le conseiller avec sagesse, comme l’a fait Luqman avec son fils (Sourate Luqman 31):
«Et lorsque Luqman dit a son fils tout en l'exhortant : «Mon cher fils, n’attribue aucun associé à Dieu, car le polythéisme est vraiment une injustice énorme!» (31:13)
«Ô mon cher fils, fût-ce le poids d’un grain de moutarde dissimulé dans un rocher, dans les Cieux ou dans la Terre, Dieu le fera venir, car Dieu est Subtil et parfaitement Informé.» (31:16)
«Ô mon cher fils ! Observe la Salât, recommande le Bien et déconseille le Mal ! Supporte avec patience les maux qui peuvent t’atteindre ! Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise.» (31:17)
C’est le moment de l’initier à la pratique cultuelle. Bien que la prière ne soit obligatoire qu'à partir de la puberté, notre bien aimé Prophète (paix et salut sur lui) a ordonné aux parents d'apprendre à leurs enfants la prière en douceur dès l'âge de sept ans et d'être plus rigoureux et exigeant à l'âge de dix ans.
L'amour et le soin donnés à l'enfant, son "implication" dans nos rituels, nos sages conseils prodigués aux bons moments, auront In cha Allah un impact positif sur sa spiritualité et son amour de la religion.
Car il a avant tout besoin de se sentir en sécurité auprès de parents ayant une moralité et des valeurs élevées. Le savoir viendra au fur et à mesure de sa curiosité grandissante, alors soyons patients et apprenons à regarder pousser la graine à son rythme. Wallahou A'lam
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As Salam aleykoum oukhty,
BarakAllahufik pour ces rappels sur un sujet aussi important que l’éveil de la foi chez l’enfant, c’est une belle parole que celle-ci:
« lui faire connaître Dieu comme le Créateur bienveillant qui aime et protège ses créatures lui parlera et permettra de construire le fondement de sa spiritualité. »
Cela m’a fait penser a ce que le Messager d’Allâh (paix et bénédictions d’Allah sur lui) rapporte qu’Allâh (qu’Il soit exalté et magnifié) a dit :
» Je suis selon l’opinion que Mon serviteur se fait de Moi. Aussi doit-il avoir une bonne opinion de Moi. «
Wa aleykom assalam wa rahmatoullah 🙂
Wa fik barakallahou cher Yahya, jazakallahou kheir pour ton commentaire! Sala Allahou aleyhi wa salam. La bonne opinion que l’on a de notre Seigneur, la base sur laquelle se construit notre foi. Que Dieu nous donne cette certitude, et nous aide à la transmettre aux enfants, Amin 🙂