Cette question du coach Max Piccinini m’a interpellée : « Penses-tu que ton QI (Quotient Intellectuel) est fixé d’avance ou bien qu’il peut évoluer ? »
Et vous, quelle réponse vous viendrait spontanément à l’esprit ? Ecrivez-la sur un bout de papier, on va y revenir.
Avant, j’aimerais vous parler un peu d’une étiquette qu’on m’a longtemps donnée et dont je prends de plus en plus conscience qu’elle n’est…qu’une étiquette (mais qui a eu des conséquences sur mon état d’esprit et ma façon d’agir bien sûr, sinon ce ne serait pas drôle ^^). Bismillah!
Une étiquette un peu...freinante!
Cette étiquette, c’est… « tu es lente ».
C’est vrai qu’enfant et adolescente j’avais de la difficulté à terminer mes rédactions et devoirs dans les temps.
C’est vrai que pendant longtemps j’arrivais (très) souvent en retard aux rendez-vous. D’ailleurs j’ai découvert que mes amies se donnaient systématiquement rendez-vous 10 minutes après l’heure de rendez-vous « officielle » (celle qu’elles me donnaient).
Elles me l’ont avoué le jour où je suis arrivée à l’heure pour une sortie et que je les ai vues arriver en même temps alors qu’elles venaient d’endroits différents… 🙂
C’est vrai que je suis du genre perfectionniste, le genre de personne prête à passer des heures à réaliser une mosaïque étudiée dans les moindres détails, à peaufiner un travail quel que soit le délai de rendu ou à laver chaque verre et assiette d’une montagne de vaisselle avec le même amour et soin ^^.
Durant un moment, quand on me demandait à mon premier job : « Combien de temps as-tu besoin pour réaliser telle tâche ? » j’avais presque des sueurs froides, avec cette pensée en arrière-fond : « Olala on va découvrir que je suis « lente » et me virer sur le champ! » …
Du coup, soit je demandais des délais trop courts pour ne pas paraître « lente » ou trop longs, mais « au moins comme ça je suis certaine de rendre ce travail avant la deadline donnée ».
Les deux situations ne me convenaient pas, car je me mettais toute seule une pression énorme.
Et surtout je ne demandais pas le temps dont j’avais réellement besoin pour réaliser la tâche.
De nombreux indices m’ont permis de commencer à remettre en question cette croyance si profondément ancrée en moi : des travaux que je rendais en un temps record, des mails de remerciement pour « ma réactivité », être capable de respecter mes heures de rendez-vous sans forcément me lever avant l’aube, de préparer ma valise et me préparer en moins de vingt minutes…
Malgré tous ces indices, cette croyance est restée très très durablement fixée dans mon esprit et me freine encore parfois.
La fondation pour construire le potentiel de l'enfant
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que je pense de plus en plus que l’état d’esprit est la fondation sur laquelle on construit (ou pas) son véritable potentiel.
Cet état d’esprit peut être fixé ou de croissance comme l'explique Carol Dweck dans son livre intitulé "Changer d’état d’esprit, une nouvelle psychologie de la réussite"… devinez lequel vous aidera et aidera le plus votre enfant à réaliser son plein potentiel ?
L’état d’esprit fixé c’est par exemple quand on répète à son enfant « tu es brillant » (ou « tu es idiot »), « tu as une bonne mémoire » (ou « tu as une mauvaise mémoire »), « tu es rapide » (ou « tu es lent »), « tu es sociable » (ou « tu es timide »), « tu es gentil » (ou « tu es méchant »), « tu es doué pour dessiner » (ou « dans la famille on n’est pas des artistes, normal que tu ne sois pas doué.e pour le dessin »), la liste est longue. Vous avez compris : c’est quand on donne une étiquette à quelqu’un ou à soi.
L’état d’esprit de croissance c’est par exemple de se dire, ou de dire à son enfant : « tu n’es pas encore rapide mais je sais qu’à force de t’entraîner tu le seras insha Allah », « tu n’as pas réussi pour le moment, mais à force de travail et de persévérance tu vas y arriver, bi idhnillah ».
Rien n'est gagné ou perdu d'avance!
Le problème, avec l’état d’esprit fixé, c’est que celui à qui l’étiquette est donnée va toujours essayer d’y coller au plus près (d’où peut-être l’expression « coller une étiquette à quelqu’un »).
Quand je répète à mon enfant, « tu es brillant » ou « tu es très intelligent », que va-t-il se passer quand on il va rencontrer une difficulté assez importante ? Il va reculer, abandonner, car « si je n’y arrive pas, ça va prouver que finalement je ne suis pas si intelligent ou brillant : autant ne pas m’y risquer ».
Au contraire quand on répète à un enfant « tu es idiot » « tu es stupide » ou qu’on le lui fait sentir, il va non seulement développer une très faible estime de lui-même mais il va aussi s’arrêter devant chaque difficulté car « ça ne sert à rien que j’essaie, de toute façon je suis bête, je suis nul, donc je ne vais pas y arriver ! ».
Je reviens au QI, qu’avez-vous répondu à la question ? Si vous avez répondu, « oui, il est fixé d’avance », c’est également ce qu’auraient répondu beaucoup de personnes car c’est une croyance qui est communément partagée.
Mettons de côté le fait que le test de QI est très réducteur et ne dit rien du véritable niveau d’intelligence de la personne (il a été créé à l’origine comme outil pour aider des enfants en difficulté scolaire mais a par la suite été utilisé à des fins idéologiques et discriminatoires).
Des scientifiques ont démontré qu’on pouvait gagner ou perdre des points au test de QI au fil des années…donc rien n’est gagnéouperdu d’avance !
Talents innés vs efforts
En valorisant plus le travail, les efforts, la persévérance de votre enfant vous l’aiderez à déployer son potentiel car vous l'aiderez bi idhnillah à acquérir un état d’esprit de croissance plutôt que fixé.
Bien sûr ses forces, ses qualités et ses talents innés jouent également un rôle important. Mais finalement la grande question est: face à un obstacle, à la difficulté, comment réagit-on?
La régression commence peut-être le jour où on arrête d’apprendre et d’agir en vue de progresser (car on apprend surtout par l’expérimentation et les erreurs), qu’on abandonne tout effort pour évoluer, faire grandir ses forces, réduire certaines de ses faiblesses (celles qu’on souhaite réduire bien sûr !).
Finalement, encouragerlesefforts de votre enfant plutôt que le complimenter / le blâmer sur le résultat.
Même si rien n’empêche de lui dire que vous aimez son dessin, vous pouvez lui rappeler qu’il s’est beaucoup entraîné à dessiner ces dernières semaines et que vous êtes très heureux(se) de le voir persévérer dans ce qui lui tient à cœur ^^.
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